- Photographies : Nick Hannes
- Textes : Nick Hannes et Pascal Beausse
- 188 pages
- 20,5 x 27 cm
- 89 images
- Couverture à rabats
- Anglais / français
- ISBN : 979-10-92265-77-4
- 45 € – 270 €
Une édition spéciale
Recevez le livre accompagné d’un tirage 18 x 26,5 cm, au choix parmi 3 images possibles à un prix de 270 €. Ces tirages ont été supervisés, numérotés de 1 à 10 et signés par Nick Hannes.
Le livre
Succes story ou mégalomanie ? La transformation rapide de Dubaï, d’un pôle commercial régional dans les années 60 à la métropole ultramoderne d’aujourd’hui, fascine tout autant les partisans que ses détracteurs. Lors de ses voyages dans le Golfe, le photographe Nick Hannes s’est concentré sur le rôle de l’industrie du divertissement dans la dynamique urbaine. Ce résultat, Garden of Delight, présente Dubaï comme l’ultime terrain de jeu de la mondialisation et du capitalisme, et soulève des questions sur l’authenticité et la durabilité.
Garden of Delight a remporté le Magnum Photography Award 2017 et le Zeiss Photography Award 2018.
« Dubaï est l’hyperlieu par excellence. Le lieu ultime de tous les excès promus par l’idéologie gouvernant la marche du monde actuel. Mais au-delà de ses surfaces parfaitement ripolinées, sur lesquelles l’argent peut glisser sans rencontrer aucune aspérité, sans éveiller le moindre doute – comme si Dubaï cherchait à vous soumettre à une narcolepsie puissante, vous faisant perdre toute résistance en vous invitant à participer aux mille et une réjouissances des divertissements dont elle regorge –, cette construction hautement improbable et pourtant hyperréelle se révèle d’une pauvreté accablante. Conçue avec le référent du mirage, Dubaï est à la fois un gigantesque parc d’attraction, dans un continuum sans fin de commerces et de lieux de divertissement, et un lieu de la désolation, de l’aliénation et de l’appauvrissement symbolique.
En la renommant « Le jardin des délices », Nick Hannes l’aborde pourtant sans jugement préconçu – quand bien même l’ironie pointe sans difficulté dans cette référence à Jérôme Bosch. En usant d’un langage documentaire, descriptif et factuel, le photographe tire parti de la force de réalisme de son médium pour dresser une représentation la plus complète des différents aspects de la ville. Il faut d’ailleurs voir dans ce projet une gageure : qu’y a-t-il encore à faire à Dubaï, tant elle a été déjà photographiée, et le sera toujours encore plus, tant elle semble inépuisable puisqu’elle fonctionne sur un puissant système d’autospectacularisation, offrant toujours du nouveau à découvrir, en allant toujours plus loin dans l’outrance de ses performances inventives ? L’imaginaire des citoyens de la planète globalisée est rempli de clichés sur les luxes clinquants et paradoxaux offerts à l’admiration supposée béate, cherchant l’adhésion sans résistance à sa philosophie du « toujours plus » : toujours plus fou, plus impossible, plus artificiel, plus pharaonique et délirant dans l’emphase de la grandiloquence. »…
« Nick Hannes représente l’actualité du phénomène Dubaï en explorant chacun de ses lieux plutôt que de décrire ses structures urbanistiques et architecturales, qui nous sont désormais bien connues via tous les régimes scopiques dont nous disposons, y compris la vue satellite. Il représente la manière dont les êtres humains habitent ce paradoxal jardin des délices. Habiter le monde consiste à faire l’expérience de l’espace, depuis l’échelle de son propre corps jusqu’à celle des lieux les plus vastes, accueillant côte à côte une foule humaine, aussi diverse que la planète tout entière. Dubaï est avant tout un lieu de migrations, choisies ou contraintes ; choisies par les élites et leurs serviteurs qui viennent y faire fructifier leurs moyens et y dépenser leurs ressources – contraintes et subies pour celles et ceux qui y travaillent dans l’ombre, avec des conditions d’un autre âge, nous renvoyant au XIXe siècle, dans une réinvention de l’esclavage post-moderne.
C’est cela que représente Nick Hannes, crûment mais sans forcer le trait : la co-présence de corps qui s’ignorent et participent tous ensemble au fonctionnement organique de la machine Dubaï. En quelque sorte, toutes ces situations qui nous font bondir dans la sidération d’image en image s’offrent d’elles-mêmes au regard descriptif du photographe. S’y figurent placidement la compulsion et la voracité des corps, mais aussi leur maladresse et leur fragilité dans leur capacité à habiter un lieu artificiel, qui serait aujourd’hui l’un des centres névralgiques d’une civilisation au devenir incertain. Bienvenue dans le désert hyperréel du capitalocène ».
Pascal Beausse (extraits)